Esprit qui doute (Saga)

Le samedi matin est souvent synonyme de problèmes pour moi. Le vendredi soir est arrosée, la fin de la semaine se fête et la décompress’ est au rendez-vous. Soirée entre amis, encore. Dans cette boite de nuit, toujours. Ou bien dans un bar sympa. Je me laisse le temps d’émerger et sur mon réveil il est indiqué 10h45. Dur dur, mais passer la journée au lit, c’est pas vraiment mon délire. Alors je soupire, j’attends un peu et j’émerge. J’évite de me rendormir, mon portable vibre et je l’attrape maladroitement. Je regarde, c’est pas important, ça peut attendre mais ça me pousse à m’extirper de mon lit. Le mal de crâne colossal me rappelle ce que j’ai fait la veille, et pourtant j’en suis presque étonnée d’être seul dans mon lit. C’était une soirée entre pote, juste ça. Parfois ça arrive, oui. Le premier endroit où mes pas me dirigent : la douche. L’eau qui ruisselle sur ma peau me fait du bien, me rafraichit et a un effet efficace sur l’effet ‘lendemain de la veille’. A part le mal de tête, peut-être. Sorti de la salle de bain avec juste un jeans, je m’assieds sur le bord du lit et relit les messages de la veille. Rien de compromettant, mais ça me rappelle l’échange de messages avec Saga la veille. Je lui ai promis qu’on se verrait, qu’on irait se manger un truc tranquille dans un coin sympa et pas bondé de monde, le genre d’endroit où on peut au moins s’entendre parler. Je passe une main sur mon visage, j’abandonne mon portable et je retourne dans la salle de bain pour terminer de me préparer. L’heure défile, midi sonne bientôt et toujours au même stade… Pas mal.

Une fois prêt, je rassemble mes effets personnels et je me dirige vers la porte en abandonnant ce lieu dans lequel je ne suis qu’un courant d’air. La plupart du temps au bureau, le reste du temps à gauche, à droite mais que très rarement ici. Mes doigts pianotent sur le portable, et j’envoie un message à la brunette pour la prévenir que je quitte – seulement – le loft pour la rejoindre. On a opté pour un endroit sympa dans Brooklyn, pas vraiment à Midtown. A Midtown je suis connu, tout comme dans l’Upper East Side. J’ai hérité d’un nom reconnu dans le monde des affaires, tout comme dans la haute société et j’aimerais autant éviter de me faire happer par l’une ou l’autre connaissance. Tranquilles, on a dit. Pour rejoindre Brooklyn, c’est plus compliqué, ça me prend plus de temps, parce que même un samedi matin les routes sont bondées. Surtout un samedi matin. Finalement, j’arrive à destination et j’entre dans un petit restaurant italien où on s’est donné rendez-vous et je cherche la demoiselle des yeux. Finalement j’approche de Saga et me penche pour la saluer « Salut . Sorry, réveil compliqué et c’est toujours autant la misère pour circuler jusqu’ici un samedi matin. » je retire ma veste, et m’installe en face d’elle, non sans prendre le temps de mettre mon portable sur silencieux. Je connais mon père, tout comme je connais mon frère, voir encore ma sœur : ils ont toujours l’art d’appeler au mauvais moment et ça ne change pas le samedi. « comment tu vas ? »

@Saga Wilkerson

@Nash Sullivan

Réveillée déjà depuis deux bonnes heures, Saga fixe le plafond de sa chambre, pensive. La nuit a été courte, elle s'est endormie tard, ayant opté pour une longue marche nocturne avec Nox, errant dans les ruelles de New-York. Ce qu'elle donnerait pour retrouver le calme de la campagne australienne, les sorties jusqu'au petit matin en se sentant en sécurité. La ville ne semble pas réellement déranger le chien-loup, mais elle est persuadée qu'il donnerait cher lui aussi pour retrouver le calme australien. Endormie tard, mais pourtant réveillée tôt, il est a peine neuf heures quand la jeune femme ouvre les yeux, la truffe noire de Nox collée devant son visage. Visiblement, il a faim. Ou il souhaite sortir. C'est avec un fin sourire sur les lèvres que la brune se lève, préparant le repas cru du canidé. Une fois sa gamelle complète, elle la lui sert, en profitant pour aller prendre sa douche le temps qu'il avale son repas. L'eau qui ruisselle sur son corps, la chaleur de cette dernière, tout ceci termine de la réveiller complètement. Saga enfile un pantalon, un débardeur clair, puis coiffe rapidement ses longs cheveux bouclés avant de ranger la gamelle maintenant vide de Nox. Il engloutit toujours son repas bien trop rapidement. Une promenade d'une bonne heure avec le chien, de quoi lui permettre de se vider la tête. Elle repense aux messages avec Nash. Est-ce qu'il s'en souviendra ? Elle l'espère. Ils ne se sont pas souvent vus depuis son retour.

Midi sonne. Saga est assise dans ce petit restaurant italien, installée au fond de la salle. Pensive, elle observe les autres clients, détaille leurs tenues, leurs coiffures. Même à Brooklyn, les gens sont impeccables. Bien habillés, bien coiffés, pas un seul cheveu ne dépasse. Les lèvres pincées, la brune remet en place ses couverts, s'assurant qu'ils soient bien alignés avec l'assiette, puis demande un verre d'eau. Elle observe le serveur, sa démarche, tandis qu'il vagabonde entre les tables. Puis, enfin, une silhouette familière. Se redressant aussitôt, la brune offre un léger sourire à son ami d'enfance, le laissant s'installer tranquillement. « Pas de problème, ne t'inquiète pas. Ça ne fait pas si longtemps que je suis là.. » Une demie-heure peut-être. Ou plus, elle n'a pas vraiment fait attention. De toute manière, elle essayait de ne pas être en retard. De ses yeux clairs, Saga observe Nash longuement, détaillant son visage, sa tenue, le regardant pianoter sur son téléphone un instant. Ses sourcils se froncent une fraction de seconde, puis elle sourit de nouveau, hochant faiblement de la tête. « Bien, je pense. Je ne me réadapte pas trop mal à la vie New-Yorkaise. Et toi, comment vas-tu ? On ne s'est pas beaucoup vus récemment. » Ce n'est pas un reproche. Ça pourrait l'être, mais le ton de Saga est doux. Peut-être un peu mélancolique. Il lui a manqué.

» Saga, départ définitif