forever young #Nuno, Maylon, Charles, Paul

J’ai passé ma journée dans mes dossiers, dans les salles de réunion pour finalement finir dans mon bureau. Le cerveau qui se liquéfie probablement, et pourtant je suis encore là à voir les mails défiler. J’ai de quoi faire, je m’ennuie pas mais jamais je passerais la nuit ici. Ce serait plutôt le genre de Terrence, gros acharné de travail. Lui pourrait rester là jusqu’à je ne sais quand pour terminer une tâche qui demande du temps et de la rigueur, mais en ce qui me concerne, mon capital d’heure pour la journée est prêt à exploser. Bientôt je bouge, bientôt j’oublie, bientôt je les rejoins et je m’éclate. C’est ce qui était convenu avec mon petit groupe de gars. On a pris cette habitude depuis bien des années maintenant, alors qu’on se connait depuis longtemps. C’est un rituel, c’est presque devenu un besoin ou encore un devoir. Acharné du travail, carriériste à 3000 %, je ne mettrai pourtant pas mon entourage proche de côté. Finalement, dans un soupire je coupe le pc et abandonne mes dossiers pour quitter le bureau. Le regard qui ne lâche pas l’écran de mon portable, je me dirige vers l’ascenseur non sans donner mes dernières recommandations à la secrétaire : pas de rendez-vous avant 10h. Elle se débrouille comme elle veut mais je ne compte pas foutre un pied ici avant au moins 9h45, penses-tu. Pourtant je ne la regarde pas, je continue ma route en la laissant se justifier comme une enfant de 12 ans. Qu’elle continue à brasser de l’air si ça lui chante. Je repasse par l’appartement pour me poser dix minutes, me doucher, enfiler une tenue un peu moins stricte, mais classe malgré tout et je décolle encore. Rendez-vous au Paraiso. C’était ça le plan. C’est presque une routine, une habitude et pourtant c’est aussi un peu comme un lieu de prédilection pour nous. Une nuit où on va oublier, une soirée où on va refaire le monde et le lendemain, chacun reprendra sa petite vie, jusqu’à la prochaine fois. Sur place, mes pas connaissent le chemin : carré vip oblige. Comme à chaque fois, la musique bat déjà son plein et je caresse l’endroit du regard. Repérage, observation peut-être aussi un peu puis finalement je cherche le maitre des lieux des yeux. Trouvé. J’approche alors que le sourire s’élargit, digne d’une soirée hors du commun, comme habituellement « Fais-moi plaisir, dis-moi que t’as sorti le grand-jeu et que t’as renouvelé un peu les nanas du coin » les clés fourrés dans la poche de la veste je reprends « les Newt’ se font encore désirer ? »

Je m’installe dans le carré VIP après avoir interpelé le grand manitou de l’endroit. Je suis le premier, les autres devraient arriver, j’imagine. Enfin, je me lève et jette un œil au beau monde qui se trouve déjà sur place. Des demoiselles sympas, mais pas une qui marque plus qu’une autre. Pas encore. Bientôt sans doute, j’espère. Je me retourne vers Nuno pour m’intéresser à ce qu’il dit et je rigole « Mec, on en parle de ton singe baraqué qui surveille l’entrée ? » dis-je pour continuer dans la boutade, en parlant du videur que j’ai croisé un peu plus tôt. « Fais gaffe, elle demande l’identité à tout le monde, t’as de la concurrence ». Je retourne m’installer « d’ailleurs, ta nana du soir elle est où ? » Je sors de ma poche mon portable, mes clés et mes clopes que je dépose sur la table en face de moi quand Charles fait son entrée. Je réponds à sa poignée de main « Ouais fin tu peux encore partager avec tes frangins toi, c’est pas un prob » je taquine en repensant à ce message sorti sur cette application. Je n’y crois pas réellement, mais ça m’amuse de retourner le couteau dans la plaie. Enfin le second frangin s’amène et je le salue à mon tour « Maylon il a compris le truc : les derniers sont les premiers » quant aux nanas, je ne dis mot consent. En réalité rien de fou jusqu’à présent, ou peut-être toute à portée de main. Trop facile. Je veux du challenge, ce soir. Le dernier disciple pointe le bout de son nez et je souris en entendant parler de sa cliente « blonde ou brune ? »

Le briquet dans la paume de sa main, Nash joue avec et pourtant il ne compte pas en allumer une pour l’instant. Il ne fume jamais dans des lieux publics, il a toujours pris l’habitude de sortir pour ne pas enfumer tout le monde, tout comme éviter de s’empester de trop lui-même. Son regard balaie l’endroit et de temps en temps, stationne sur de jolies courbes. Mais d’autres choses le travail malgré tout. Il doit recevoir une réponse pour son projet, et s’il s’est battu corps et âme avec l’Eglise pour pouvoir racheter ce monument classé, il a l’espoir que la somme qui sera mise sur la table les aura décidé. Cette réponse c’est pour aujourd’hui, pour ce soir. Son portable vibre en affichant un nouveau mail, et il fixe automatiquement l’écran. Pas encore ce qu’il attend, juste du travail. Encore. Au moins, ça il ne risque pas d’en manquer. La conversation dévie sur les femmes, comme souvent depuis qu’ils sont jeunes. « Personnellement, je préfère les brunes. J’aimerais autant éviter de me trouver le sosie d’une de mes sœurs si tu vois ce que je veux dire » il se marre, il déconne, il pousse le truc un peu loin juste pour justifier ses goûts en matière de femme. Il reste assez difficile pour ça : il faut qu’elles se respectent, il faut qu’elles aient du caractère et si en plus elles pouvaient être brunes alors ce serait le must. « vous êtes des chiens les gars, vous choisissez trop la facilité » il les taquine en se espérant quand même que chacun d’entre eux a au moins l’un ou l’autre critère de sélection. Nash fixe Nuno lorsque celui-ci parle de Vegas. C’est vrai qu’il devait s’y rendre pour affaires « Il s’est passé quoi à Vegas, raconte. T’as pu boucler le contrat ? » Charles leur propose une virée digne de roi du monde et pourtant, Nash grimace « Je suis sur le point d’acheter une église, Charles. J’ai cassé les pieds de Sixtine pour qu’elle planifie ce chantier avant l’été, si je lui dis que je m’envole pour faire le tour du monde elle va hurler. Je te l’envoie sinon, ça te donnera une idée de l’éruption Sullivan » Il connait assez sa sœur pour savoir qu’elle est capable de lui couper la tête si vraiment il venait à mettre le chantier en stand by « Mais pendant l’été ça pourrait se faire ouais. »